Quatrième de couverture :
« Janvier 1914,
palais d’hiver de St-Pétersbourg.
Lilia Andreïvna
Oliakov, 15 ans, fait la connaissance de Julius Rassenko, un garçon aux yeux
saphir brûlants… surnaturels. Il l’intrigue et l’inquiète. Puis il disparaît de
sa vie durant deux ans, jusqu’à ce que la jeune fille tombe à nouveau sur lui.
Il est en compagnie de son frère, qui semble encore plus effrayant.
La Révolution gronde
et, à plusieurs reprises, Lilia se retrouve face à une panthère au pelage doré
et aux yeux saphir, un animal qui n’a rien à faire là. Séparée des siens,
réfugiée en France, Lilia retrouve Julius. Il n’a pas changé.
Dès lors, la jeune
fille va entrer dans un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence, celui
de Julius, qui n’est pas humain, et qui souhaite faire d’elle sa compagne. Sauf
que cet acte s’oppose aux règles ancestrales que Levdia, le frère de Julius,
est déterminé à faire respecter. Quitte à manipuler… et à tuer.
Lilia ne se détourne
pas de son objectif : protéger la famille qu’elle s’est créée. Quel rôle
Julius a-t-il à jouer? Et Levdia? Entre la France et New York, parviendra-t-il
à éliminer Lilia et ses descendants? »
Mon avis :
Humpf.
J’avoue que je ne sais trop que penser de ce livre.
J’étais très emballée à l’idée de commencer ma lecture; une
couverture magnifique, une quatrième de couverture intrigante et une auteure
que j’ai découverte avec la série Les
enfants de l’océan (tome 1 ici), que j’ai adorée. Sans m’attendre à une histoire
du même genre – j’espérais même quelque chose de complètement différent –,
j’avais bon espoir de retrouver les mêmes qualités qui m’avaient tant fait
apprécier ma lecture des Enfants de
l’océan dans ce nouveau roman. Alors… déception? Oui, un peu.
Au premier abord, j’ai été intriguée et même captivée par
les premières pages de Mémoires d’Immortels.
Le prologue est raconté du point de vue de Johan, un personnage masculin qui
tombe sur Lilia par hasard, lors de l’arrivée de la jeune fille en France. Celle-ci
semble perdue et Johan va donc l’aborder, lui demander comment elle s’est
retrouvée là, et accompagnée d’un petit garçon qui dépend d’elle, qui plus est.
Lilia lui répond « qu’il ne la croirait pas si elle lui racontait ».
Johan insiste néanmoins et c’est ainsi que Lilia commence son récit…
Dès lors, l’histoire est racontée au « Je », du
point de vue de Lilia. J’ai bien aimé suivre les péripéties de la jeune fille à
travers ses yeux, même si j’ai mis du temps à m’attacher à elle. Contrairement
à ce que l’on pourrait croire, ce n’est toutefois pas à cause d’elle. La jeune fille agit de façon
capricieuse à quelques reprises et c’est plutôt agaçant, c’est vrai. Le
problème ne réside cependant pas là, à mon avis : tout au long du roman,
on donne beaucoup de détail sur l’Histoire, la politique, l’économie et tout.
Cela donne une touche intéressante au récit, qui débute durant la Révolution
Russe. Ça permet au lecteur de se situer, de comprendre l’ambiance du roman,
c’est vrai. Pourtant, il me semble que l’auteure a mis bien trop de détails
pour la pertinence qu’ils avaient. Plutôt que de s’acharner à décrire tout ce
qui se disait et tout ce qui se faisait durant la Révolution, j’aurais aimé que
Verhoest nous en apprenne plus sur l’univers complexe qu’elle a créé pour Mémoires d’Immortels, et qu’elle aborde
plus souvent les sentiments de ses personnages.
Résultat : alors que la
narration est au « Je », j’ai plutôt eu l’impression que tout le
récit était survolé et raconté par un élément extérieur. Lilia a été longtemps
une étrangère pour moi. De plus, les éléments fantastiques du roman m’ont donné
l’impression d’avoir été jetés là, au hasard. Le tout manquait énormément de
structure et toute cette histoire concernant les Immortels m’est restée floue
pendant la majorité du roman. Difficile, donc, de se laisser emporter par le
récit.
Difficile aussi à cause du manque extrême de fluidité de ce
roman : tous les évènements s’enchaînent et déboulent sans la moindre
connexion entre eux – ou du moins, sans une connexion expliquée. Si le lien entre certaines péripéties est visible, sans
être évident toutefois, d’autres sont complètement inexistants. Ainsi, dès leur
première rencontre, Julius – ce fameux inconnu aux yeux saphir et qui s’avère
être un Immortel – décide de faire de Lilia sa compagne pour l’éternité. Sans même
lui avoir adressé la parole – et c’est la même chose pour Lilia. Elle s’est
soudainement éprise de ce jeune homme qui lui a un jour tiré sa chaise pour
qu’elle puisse s’asseoir à table… Moui. Bien sûr. Et tout au long du roman,
elle ne fait que repousser les avances de Julius, prétendre qu’elle le déteste,
qu’il lui fait peur… Mais ne cesse de penser à lui et de se demander où il est
et ce qu’il fait quand il n’est pas là pour veiller sur elle…
Et cela ne s’arrête pas là! Ça, c’était côté réaction et
émotions des personnages. Mais ce même problème revint lorsqu’il est question
de la narration du roman, de l’histoire en elle-même. Voyez-vous, de la
première à la dernière page du livre, il s’écoule 100 ans. Si, si.
Rappelez-vous qu’on parle ici d’Immortels. Seulement, il arrive que plus de 20
ans se soient écoulés entre deux chapitres sans qu’on parle de ce qui s’est
passé pendant ces 20 années. Et après, vous voulez que je me repère dans
l’histoire et que j’y adhère? Vous vous foutez de moi?!
Comme si ce n’était pas suffisant, il faut en plus qu’il y
ait quatre narrateurs différents! QUATRE! Qui sont tous plus confus les uns que
les autres! Nous avons tout d’abord Lilia, qui nous raconte comment elle
a rencontré Julius, comment elle a découvert qu’il était un Immortel et
comment, à cause de la Révolution, elle a dû fuir la Russie. D’accord. Son
histoire, bien qu’extrêmement décousue, est aussi plutôt palpitante. Mais comme
on s’attache tout juste à notre héroïne et qu’on commence à comprendre tous ces
trucs d’Immortels, BAM! On change de narrateur. Et à qui l’honneur? Johan.
Alors là, je n’y ai rien compris, rien du tout. Ce choix m’a profondément
énervée, pour ne pas dire qu’il m’a royalement emmerdée, oui. Voyez-vous, Johan
est un humain, un simple humain. Qui, en plus de ne pas comprendre grand-chose
au monde des Immortels, ne veut pas en entendre parler – alors qu’il a mariée
l’une d’elle. Oui, vous avez bien compris, Lilia et Johan se sont mariés –
rassurez-vous, aucune surprise là-dedans, ça se produit dans le premier 1/3 du
récit. J’avoue avoir plusieurs problèmes avec ce dénouement : tout
d’abord, Johan n’est pas charmant. Je n’ai donc pas apprécié ma lecture de son
point de vue. C’était encore plus « extérieur » que ça l’était au
début, vous imaginez? Ensuite, je n’ai pas du tout, mais pas du tout adhéré à
la romance entre Lilia et Johan. On s’apercevait bien que ce dernier aimait
Lilia, mais elle? Toujours préoccupée par Julius, à savoir ce qu’il devenait
après toutes ces années passées loin d’elle. C’est à peine si on pouvait sentir
un peu de tendresse à travers les gestes qu’elle posait envers Johan. Et
finalement : Johan est un HUMAIN. Il n’est PAS le héros. Il ne sait
presque RIEN de l’univers des Immortels, qui est l’univers du roman. Alors
dîtes-moi pourquoi, POURQUOI, en avoir fait le narrateur de toute la foutue
moitié du foutu roman???
Ensuite vient le troisième narrateur : Ivanna, qui
n’est nulle autre que la petite-fille de Lilia et de Johan – oui, ils ont eu un
enfant, une fille qu’ils ont eu la brillante idée d’appeler Johanna. JOHANNA.
Alors que son père s’appelle Johan! PITIÉ!!! Bref. Passons. À partir du moment
où nous suivons l’histoire du point de vue d’Ivanna, bien des choses sont
devenues beaucoup plus intéressantes. Ivanna étant celle qui veut trouver et
affronter Levdia, le frère de Julius, qui a juré de tous les tuer un par un, le
récit s’est mis à présenter beaucoup plus d’action. Levdia commence à envoyer
ses sbires pour faire souffrir Lilia et ses descendants, mais Ivanna refuse de
se laisser faire. Alors oui, enfin un peu de rebondissement, mais toujours
aussi inégal et décousu.
Le dernier narrateur n’en est en fait pas vraiment un. Si la
majorité du roman est écrit au « Je », quelques passages sont écrits
à la troisième personne. Dans ce cas, je n’ai toutefois pas compris l’utilité
de certains narrateurs – je pense surtout à Johan, en fait. Car, dans les rares
moments d’action présents dans les passages où le jeune homme est le narrateur,
il n’est pourtant pas le héros. Ainsi, nous passons plusieurs chapitres avec
Johan, où il attend que Lilia revienne d’une de ses escapades nocturnes. Il se
tourne les pouces et le chapitre se termine sur un « ce qui s’était passé
pendant son absence, Lilia me le raconta ». Et le chapitre suivant raconte
la fameuse escapade de Lilia, mais est écrit à la troisième personne. Alors je
me demande : à quoi Johan a-t-il servi à part à m’emmerder? En fait, si on
oublie le fait qu’il est la seule raison pour laquelle Lilia ne s’est pas unie
à Julius, et que c’est lui qui l’a mise enceinte… Johan n’a été d’AUCUNE
utilité dans le roman. Alors pourquoi nous torturer avec sa seule présence???
Bon, je m’aperçois que cette chronique se fait horriblement
longue. Alors je ferai de ce paragraphe le seul où je soulèverai des points
positifs : malgré tous ses défauts, Mémoires
d’Immortels comportait un certain degré d’action et d’excitation. J’ai mis
du temps à m’immerger dans l’histoire et lorsque ç’a été fait, j’ai été coupée
dans mon élan par ces affreux chapitres où le narrateur était Johan. Après ce 2/3,
toutefois, les pages se sont tournées beaucoup plus facilement. Les péripéties
étaient également plus fluides qu’au début du roman – je ne saurais expliquer
pourquoi, mais c’était le cas – heureusement. Et, à part Johan, j’ai plutôt
aimé les personnages – même s’il n’est pas le seul que j’ai trouvé inutile à
l’histoire. J’aurais aimé voir Julius plus souvent, cet Immortel aux yeux
saphir qui, même avec ses rares apparitions, a réussi à me charmer. Je suis
heureuse de la façon dont se termine l’histoire, mais j’avoue ne pas comprendre
pourquoi l’auteure a mis tout ce temps à installer ce dénouement. Il me semble
qu’à des dizaines de reprises, cette fin s’est montrée accessible aux
personnages.
En résumé, j’ai apprécié Mémoires
d’immortels, ou du moins certaines parties. Je crois que ce roman avait un
potentiel énorme, un potentiel qui n’a pas été exploité. Je suis donc un peu
déçue de ma lecture, et pas seulement à cause des attentes que j’avais après
avoir lu Les enfants de l’océan.
Entre les longueurs, le manque de fluidité et de logique, le choix de narration
que je n’ai ni compris ni aimé, et cet arrière-goût de tourner en rond que m’a
laissé la conclusion… Il y a eu quelques moments forts lors de ma lecture, mais
malheureusement, mon plaisir n’a pas été constant. Je suis presque heureuse que
Mémoires d’immortels soit un livre
unique, car j’aurais redouté la suite…
Ma note : 2.5/5
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