(...)
— Papiers, intima une autre voix une minute plus tard, après que la Ferrari se fut immobilisée et que sa vitre côté conducteur ait été abaissée.
En
ouvrant un œil à moitié, Shay étira les doigts vers le coffre à gants,
l’ouvrit, saisit les papiers demandés par l’agent et les glissa dans la main que
lui tendait son frère pendant que celui-ci lançait sur un ton
décontracté :
—
Belle soirée. C’est sûrement ennuyant d’être de service par un si joli temps.
N’est-ce pas, monsieur… David ?
Le
silence de la nuit et le ronronnement du moteur de la Ferrari lui répondirent.
Imperceptiblement,
Shay secoua la tête. Il était parfaitement conscient de ce à quoi jouait son
frère. Mais, poussé par la curiosité, et peut-être aussi par l’amusement qu’il
savait que la scène lui procurerait, il rouvrit les deux yeux et les braqua sur
l’officier de police.
Ce
dernier lorgnait les papiers du véhicule, l’air dubitatif.
—
Logan McBandia Daniels… Vous n’êtes vraiment pas du coin, tous les deux.
Le
sourire qu’offrit Logan à l’agent fut si étincelant que Shay en aurait plissé
les paupières.
—
Mais dites-moi, monsieur McBandia…
—
Daniels, précisa Logan d’un ton mielleux. Juste Daniels.
La
paupière gauche de l’agent tressauta légèrement avant qu’il ne poursuive :
—
Vous avez idée de la vitesse à laquelle vous rouliez, il y a quelques instants ?
Le
frère aîné de Shay jeta un regard en direction du cadran de vitesse, comme si
celui-ci avait pu lui révéler quelle qu’information que ce soit. Mais Shay
savait pertinemment qu’il ne s’agissait que de détourner l’attention du
policier, même le temps d’une petite seconde; le temps que le bleu saphir de
ses iris passe au doré le plus pur. Dans l’obscurité, les yeux de Logan
brillèrent d’un éclat carnassier, d’un de ceux que Shay n’aurait pu manquer
même sans sa vision accrue.
—
À 172 kilomètres-heure, très précisément, répondit Logan en pivotant vers
l’agent.
Les
sourcils de ce dernier s’arrondirent. Juste comme il ouvrait la bouche pour
répliquer, son interlocuteur le devança :
—
Mais vous n’avez pas à vous en faire. Je suis un pilote chevronné; jeune, avec
d’excellents réflexes. Impossible pour moi de déraper, et j’aurais aperçu le
moindre obstacle sur la route des centaines de mètres avant l’impact…
Les
lèvres entrouvertes de l’agent de la loi formèrent un ou deux mots, sans pour
autant qu’un seul son ne quitte sa bouche. Les traits froissés, il finit
cependant par acquiescer d’un timide hochement de tête, l’air incertain.
Shay
dut se mordre l’intérieur d’une joue pour s’empêcher de sourire.
—
Vous savez que vous pouvez avoir confiance, renchérit Logan, ses yeux dorés
vrillant ceux du policier. Vous me laisserez donc repartir sans même un
avertissement et, dans quelques heures, lorsque vous rentrerez chez vous, vous
aurez tout oublié de notre rencontre, et ce, jusqu’à la couleur de ma voiture.
Un
lourd silence suivit sa déclaration. À quelques dizaines de mètres du bord de
la route, la forêt elle-même semblait retenir son souffle.
Pas
un hululement de hiboux.
Pas
un coassement de grenouilles.
Pas
de brise tiède chantant entre les aiguilles des genévriers.
Seule
la rivière osait continuer à murmurer et à susurrer dans la nuit.
Shay
compta mentalement jusqu’à trois.
—
Vous avez tout à fait raison, approuva alors David, et la forêt boréale se
remit à respirer. Veuillez m’excuser de vous avoir importunés, jeunes gens.
Les
papiers du véhicule claquèrent dans la main de Logan lorsque l’agent David les
lui remit.
—
Je vous souhaite une excellente fin de soirée, messieurs ! lança-t-il en
s’écartant de la Ferrari.
Tout
en replaçant les papiers dans le coffre à gants, Logan décocha un regard
entendu à son petit frère. Ce faisant, Shay vit le doré des iris de son aîné se
résorber, comme aspiré par le noir de ses pupilles, et rendre sa place au bleu
limpide et étincelant.
—
Oh, et au fait ! s’exclama l’officier de police qui retournait vers sa
voiture. Bienvenue à BlackFalls !
Un
large sourire vint étirer les lèvres de Logan, révélant ses canines acérées. Il
embraya alors, et la Ferrai démarra sur les chapeaux de roues.
Le
vent se remit à siffler à ses oreilles, et Shay se permit un sourire en coin.
Un
instant plus tard, ils dépassèrent à toute vitesse un panneau qui reprenait les
mots de l’officier : Bienvenue à
BlackFalls.
Fin de l'extrait!
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